Pourquoi le succès de Wonder Woman est important ?

Une gestation compliquée

Wonder Woman n’en est pas à son premier acte manqué lorsque Michelle McLaren quitte la réalisation du film, la faute à un désaccord entre les studios vis à vis de l’intrigue du film, selon la réalisatrice qui voulait proposer une approche barbare à là Braveheart, les studios aurait préféré axé le récit autour d’une intrigue amoureuse. En effet quelques années plus tôt un pilote pour une nouvelle série télévisée ne sera pas jugé assez satisfaisant, et en 2005 on annonce un film Wonder Woman écrit par Josh Whedon qui ne verra finalement pas le jour. Wonder Woman revient donc de loin, et ce sera finalement Patty Jenkins qui héritera de la lourde tâche de gérer tout cet héritage mythologique et d’offrir peut être le meilleur films de super-héros consacré à une super-héroïne jamais réalisé. Mission accomplie ?

Une origin-story classique et digne

Autant le dire tout de suite, Wonder Woman est un film solide et qui n’a rien de clivant comme l’on pu être les autres films qui composent le DCCU ( Man of Steel, Batman V Superman etc…) . Le film est une origin story classique qui ne cherche pas à déconstruire ces icônes comme Snyder a tenté de le faire par deux fois. Au contraire on assiste à la naissance d’une icône, d’une héroïne et d’un symbole. La principale qualité du film se situe dans son dosage de l’humour. Le film réussi un parfait entre deux entre l’inexistence d’humour qui caractérisait le DCCU et l’humour cynique du MCU. En effet à l’instar de certaines blagues présentes dans les deux films consacrés à Thor, l’humour dans Wonder Woman ne dé-crédibilise jamais son univers mythologique qui est traité dignement et avec sérieux. Le film prouve que gravité et légèreté peuvent faire bon ménage.

Enfin difficile de parler de Wonder Woman sans parler de Gal Gadot qui s’en sort admirablement alors que le personnage de Wonder Woman est à la fois puissant, lettré et aussi candide. Chris Pine est parfait comme à son habitude et la romance réussi à éviter de nombreux pièges et réussie à être touchante lors du final grâce à de discrètes idées de mise en scène ( Wonder Woman qui n’entend pas ce que lui dit Steve Trevor, leur danse sous la neige).

Quelques bémols

Il n’y a pas de film parfait, et malgré ses grandes qualités Wonder Woman n’échappe pas à la règle. On pourra ainsi regretter une utilisation abusive du ralenti par moments, et surtout un dernier acte décevant en termes d’effets visuels notamment ( certaines incrustations font mal au yeux), ainsi que par le choix de la confrontation qui se déroule de nuit ( encore ) dans une bouille visuelle qui nous ferait presque regretter le final de BvS. Des défauts mineurs certes mais qui entachent la vision d’un film qui aurait pu devenir un grand classique du genre.

Un film important

Malgré ses menus défauts, Wonder Woman mais surtout son succès est d’une importance rare pour l’avenir de la représentation des femmes au cinéma. D’abord, nous voilà enfin débarrassés de l’excuse des producteurs pour ne pas produire de films de super-héroïnes, cette excuse étant qu’aucun de ces films n’avait été un succès. Difficile de les contredire ( Catwoman …) mais ce n’était pas une raison pour se montrer aussi frileux durant toutes ces années . Même si le vent avait tourné grâce aux succès des sagas tirés de livres jeunesse comme Hunger Games ou Divergente, rien n’était gagné et même le géant Marvel n’osera pas confier à Scarlett Johansson un film solo, elle qui avait pourtant été à l’affiche de Lucy…

L’autre raison qui fait l’importance du succès de Wonder Woman c’est le fait de représenter une femme en action. Je m’explique. Lorsqu’on regarde un film, qu’il sois d’action ou non, notre corps ou en tout cas notre cerveau reproduit les gestes effectués par les acteurs et les actrices à l’écran. C’est pourquoi il nous arrive d’avoir ce sentiment étrange de marcher comme le personnage d’un film en sortant du cinéma. Une partie de notre cerveau imite ses actions et se représente en train de les effectuer. Passer plus de deux heures à se projeter à travers le corps d’une femme qui effectue des actes héroïques permet d’imprimer dans notre subconscient une image de femme héroïque. C’est pourquoi de nombreuses réactions du publiques allant des petites filles aux hommes de 40 ans étaient similaires : Je veux être Wonder Woman. Car c’est avant tout dans notre subconscient et dans notre imaginaire collectif que notre images des femmes doit changer.

Et après ?

Un des regrets que l’on pourrait attribuer au film de Patty Jenkins est qu’il traite finalement peu de problématiques actuelles liées au féminisme, la faute au contexte historique choisi par le film sans doute, c’est pourquoi tous nos regards sont tournés vers la suite du film qui se déroulera aux Etats-Unis.

Pour ce qui est des autres films de super-héroïnes à venir, il y a le Captain Marvel de Marvel ( sans blague ) et officialisé depuis peu, un BatGirl écrit et réalisé par Josh Whedon qui va peut être enfin réaliser le film de super-héroïne qu’il attend depuis des années.

Antoine Patrelle

Journaliste sur Magazine Geekettes